Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/363

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passe ce que vous pouviez espérer à l’âge qu’il a ; car tous les arrangements ont été justes, et si bien compassés[1] qu’il n’y a pas eu un moment de perdu ; nul contretemps, toutes les circonstances agréables ; enfin, ma belle, si vous n’êtes contente[2], je ne sais ce qu’il vous faut, et cette compagnie que vous allez vendre me paroit consommer l’œuvre[3]. Je vois bien que le marquis demeurera à Keisersloutre[4] : ces guerres d’hiver avancent quelquefois autant que des campagnes ; on fait parler de soi ; le voisinage de Mayence est un poste de confiance. Vous avez écrit dans ce sens, puisque vous faites scrupule du courage que vous témoignez du coin de votre feu ; c’est d’être avec Monsieur le chevalier que vous vient cette humeur martiale : le pauvre homme me paroît bien les pattes croisées, aussi bien que ce lion, dont vous fîtes si bien votre cour à Monsieur le Prince[5]. Il a donc aussi les pattes croisées ; mais je suis persuadée que dans cet état un hiver en Provence, à votre beau soleil, lui fera tous les biens du monde. Je sais du moins que les derniers qu’il a passés à Paris, ont été bien cruels. Nous n’avons pas sujet de nous plaindre du nôtre jusqu’ici: point de neige, point de verglas, un beau soleil ; je me promène tous les jours ; rien n’est défiguré dans ces bois tout y est si bien planté, si bien rangé, qu’il semble que

  1. 11. «….. à l’âge qu’il a : tous les arrangements ont été si justes, si bien compassés. » (Édition de 1754.)
  2. l2. « Si vous n’êtes pas contente. » (Ibidem.)
  3. 13. « Me semble couronner l’œuvre. » (Ibidem.) Notre manuscrit s’arrête ici pour ne reprendre qu’avec les éditions de Rouen et de la Haye (voyez ci-dessus la note 6). Toute la suite jusque-là ne se trouve donc que dans l’édition de 1754 ; car la lettre tout entière manque dans celle de 1737.
  4. 14. Kaiserslautern. Voyez plus haut, p. 349, note 34-
  5. 15. Voyez tome VI, p. 200, et la lettre du 18 février précédent, tome VIII, p. 474 et note 7.