Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/383

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chagrinée de cette envie de vendre sa terre[1]; et enfin de toute cette idée, il en faut revenir à des pensions non payées, et une terre qui ne vaut plus rien : on ne peut pas tomber de plus haut ni revenir de plus loin. Je vous ai dit[2] mon repentir d’avoir si mal jugé : j’aime, j’honore et j’admire[3] le courage et la vertu de ce saint disciple de la Providence. Mandez-moi si plusieurs pensions ont été retranchées, et s’il n’y a point d’espérance que l’on les remette quelque jour : ce temps-ci est difficile à passer.

La belle duchesse du Lude a fait mettre tous ses beaux meubles d’argent en pièces et en morceaux chez elle : Beaulieu les a vus mais comme les morceaux en sont bons, elle en a touché vingt-sept mille écus, et s’est remeublée de toutes sortes de meubles de bois, de miroirs, de glaces ; enfin pour deux mille écus de cette sainte pauvreté. Ces Rochefoucaulds furent toute la nuit dans leur jardin pendant le feu[4], et le lendemain l’abbé de Marsillac et ses soeurs étoient dans un enrouement et une tousserie pitoyable ; ils ont perdu pour vingt mille écus. Voilà bien des misères[5] que je vous conte ; je dirai mieux dimanche, car je parlerai de vous et de tout ce que vous me manderez : en attendant, je pense fort souvent à ma chère fille, et je compte qu’elle m’aime.

  1. 21. Voyez la lettre du 20 juillet précédent, p. 124 et suivantes.
  2. 22. « Il faut revenir à des pensions non payées et à une terre qui ne vaut plus rien on ne peut guère tomber de plus haut. Je vous ai dit, etc. » (Édition de 1754.)
  3. 23. « J’aime, j’honore et admire. » (Ibidem.)
  4. 24. Voyez la lettre précédente, p. 371 et note 16.
  5. 25. « Voilà bien des choses sans suite. (Édition de 1754.)