grand et bon souper maigre, à cause de saint Marc; hier à dîner en gras en perfection[1]. L’après-dînée nous vînmes ici[2] , dans un château où tout l’orgueil de l’héritière de Péquigny[3] est étalé. C’est un vieux bâtiment élevé au-dessus de la ville, comme Grignan ; un parfaitement beau chapitre, comme à Grignan ; un doyen, douze chanoines ; je ne sais si la fondation est aussi belle, mais ce sont des terrasses sur la rivière de Somme, qui fait cent tour[4] dans les prairies voilà ce qui n’est point à Grignan. 11 y a un camp de César à un quart de lieue d’ici, dont on respecte encore les tranchées : cela figure avec le pont du Gard[5] Vous me demandez[6] : « Ma mère, que faites-vous donc? est-ce que vous n’allez point en Bretagne? » Je vous répondrai: « Ma fille, nous irons; mais comme M. de Chaulnes ne sera que le 9è du mois prochain à Rennes, nous avons du temps, et nous ne partirons d’ici que dans deux jours. Ce retardement ne me fait point de mal; je prends d’ici mes mesures pour aller à Nantes au mois de juin ou de juillet. Je n’espère aucune véritable joie dans tout ce temps, puisque je ne vous verrai point; ainsi je vis au jour la journée, attendant et regardant un autre temps du coin de l’œil dont Dieu[7] » est le maître, comme de toutes les choses de
- ↑ 3. « dans la perfection » (Edition de 1737.)
- ↑ 4. « Nous arrivâmes ici (Edition de 1754.) »
- ↑ 5. Voyez tome IV, p.476, note 2.
- ↑ 6. Qui font cent tours.(Edition de 1737.)
- ↑ 7. Ce pont, d’une structure admirable, est un ancien ouvrage des Romains, dans le bas Languedoc, sur le Gardon ; il est bâti de pierres de taille d’une grosseur et d’une longueur surprenantes, et a trois rangs d’arches les unes sur les autres. (Note de Perrin.)
- ↑ 8. Vous me dites (Edition de 1754.)
- ↑ 9. « Je regarde et j'espère un autre temps, dont Dieu, etc.(Ibidem.)
sceaux. II était fils d’une sœur de la femme du chancelier le Tellier, et mourut en 1719. Il avait, dit Saînt-Simon (tome II, p. 219) « peu de lumières, mais beaucoup de probité.