Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/418

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c’est de suivre l’ordre tout naturel de la sainte Providence[1] ; c’est ce qui me console de tout le chemin laborieux de la vieillesse ; et ce sentiment est raisonnable, et le vôtre trop extraordinaire et trop aimable.

Je vous plaindrai quand vous n’aurez plus M. de la Garde et Monsieur le chevalier : c’est une très-parfaitement bonne compagnie ; mais ils ont leurs raisons, et celle de faire ressusciter une pension à un homme[2] qui n’est point mort, me paroît tout à fait importante. Vous aurez votre enfant, qui tiendra joliment sa place à Grignan ; il doit y être le bien reçu par bien des raisons, et vous l’embrasserez aussi de bon cœur. Il m’écrit[3] encore une jolie lettre pour me souhaiter une heureuse année, et me conjure de l’aimer toujours[4]. Il me paroit désolé à Keisersloutre ; il dit que rien ne l’empêche de venir à Paris, mais qu’il attend les ordres de Provence ; que c’est ce ressort qui le fait agir. Je trouve que vous le faites bien languir : sa lettre est du 2è ; je le croyois à Paris ; faites-l’y donc venir, et qu’après une petite apparition, il coure vous embrasser. Ce petit homme me paroit en état que si vous trouviez un bon parti, Sa Majesté lui accorderoit aisément la survivance de votre très-belle charge. Vous trouvez que son caractère et celui de Pauline ne se ressemblent nullement ; il faut pourtant que certaines qualités du cœur soient chez l’un et chez l’autre : pour l’humeur, c’est une autre affaire. Je suis ravie que ses sentiments[5] soient à votre fantaisie je lui sou-

  1. 6. « Qui est de suivre l’ordre tout naturel de sa sainte Providence. » (Édition de 1754.)
  2. 7. « La pension d’un homme. »(Ibidem.)
  3. 8. « II m’a écrit. » (Ibidem.)
  4. 9. Ce dernier membre de phrase : « et me conjure, etc., » manque dans l’édition de 1754, qui a seule les phrases suivantes, jusqu’à « Je suis ravie, »
  5. 10. « Que les sentiments du marquis. (Édition de 1754.)