camp, je pleure de songer où nous verrions Monsieur le chevalier, s’il avoit été son chemin ; il faut de la résignation pour soutenir cette pensée, et je dis : « Où veut-il aller ? Quoi ? voir partir toutes ces grandeurs sans les pouvoir suivre ! demeurer dans sa chambre ! » Et M. de la Garde ne saura à qui faire sa cour[1] ; s’il est vrai que le Roi parte, à qui fera-t-il voir le pensionnaire plein de vie et de mérite ? Enfin que ne pense-t-on point dans ces bois ? Mais tout [est] rectifié par la décision des bonnes têtes[2]. J’attends toujours avec impatience des nouvelles de Beaulieu sur la vente de cette compagnie. J’espère en M. de Saint-Pouanges[3]
Mme de la Fayette me mande deux mariages qui ne font [pas] honneur à notre sexe. Cette présidente Barentin[4], qui rioit toujours, si aise d’être présidente, si gorgiase[5], veuve depuis dix mois, s’est amourachée d’un homme de vingt ans, fils de Cormaillon. Elle lui a donné six mille livres de rente et[6] quatre-vingt mille francs, et l’a épousé. Lui, sachant que le feu président étoit cousin germain de Mme de Louvois, lui a [conté] son aventure,
- ↑ 9. La Garde avait sans doute l’intention d’aller réclamer à Paris contre la suppression de sa pension, qui, comme il est dit dans la lettre du 23 avril suivant, p. 497 et 498, lui fut rendue peu de temps après.
- ↑ 10. Le chevalier de Grignan et la Garde.
- ↑ 11. Voyez tome VIII, p. 202, note 4.
- ↑ 12. Voyez tome VIII, p. 496, note 57. Il y est dit que le président Barentin était oncle de Mme de Louvois, et c’est ce que Dangeau confirme deux fois (tome I, p. 284, et tome II, p. 344).
- ↑ 13. Gorgias, gorgiase, vieux mot qui, après avoir signifié « beau, de belle taille, » avait pris le sens de glorieux, vain.
- ↑ 14. Le manuscrit donne ici à, au lieu de et; c’est sans doute une faute. « M. de Cormaillon, dit Dangeau au 7mars, a épousé la veuve du président Barentin, qui lui a donné quatre-vingt mille francs et six mille francs de pension. » -- Deux lignes plus loin le texte du manuscrit est ainsi altéré « lui a son aventure, et a dit à M. de Louvois. »