Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/517

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en reviendront dans quinze jours. Pour votre nièce de Coligny, qui a hérité des terres de Dalet et de Malintras par la mort de son beau-père, elle vient d’arriver sous le nom de la comtesse de Dalet. Voici les raisons qui lui ont fait prendre ce nom : depuis trois cents ans les aînés de la maison de Langhac se sont toujours appelés comtes de Dalet[1] et cela est tellement établi dans cette famille, que si son mari vivoit, il auroit pris ce nom-là. De plus il y a une petite Lassay qui a quinze ans, et qui vient d’épouser Coligny, fils de Coligny de Hongrie[2] ; il seroit désagréable à votre nièce que pour les différencier l’une de l’autre, on dît : « Est-ce la vieille ? Est-ce la jeune ? Mademoiselle, en approuvant[3] ce changement, me disoit hier cette raison. Votre nièce a même trouvé un exemple de pareille chose en arrivant ici. La comtesse de Carouges[4]6, de venue veuve depuis six mois, avoit pris le nom de comtesse de Tillières à la mort de son beau-père, qui vient d’arriver.

Pour revenir donc à cette nouvelle comtesse de Dalet, je vous dirai qu’elle est venue ici mettre le comte de Dalet son fils au collège de Louis le Grand ; et pour moi je

  1. 3. Voyez tome V, p. 553, note 2, et ci-dessus, p. 476, note 2. -- La terre de Dalet entra au milieu du quinzième siècle dans la maison de Langhac par le mariage de Pons de Laughac, chef de la branche cadette, avec Alix héritière de Dalet. Tous les aînés de cette famille portèrent le titre de comtes de Dalet, jusqu’au petit-fils de Bussy Rabutin exclusivement, qui fut connu dans le monde sous le titre de comte de Langhac. (Note de l’édition de 1818.)
  2. 4. C’est-à-dire de Jean comte de Coligny Saligny, mort en 1686, qui avait commandé le corps d’armée que Louis XIV envoya en 1664 au secours de l’empereur Léopold. Voyez sur lui et sur son fils les notes 16 et 17 de la lettre du 20 février 1687, tome VIII, p. 25.
  3. 5. Il y a bien approuvant dans le manuscrit ; les éditions antérieures donnent apprenant.
  4. 6. Anne Favier du Boulay, fille d’un maître des requêtes, veuve de François le Veneur, comte de Carouges, mort le 15 avril 1689. Henri le Veneur, comte de Tillières son beau-père, mourut an mois de. décembre de la même année. Elle-même mourut en 1704.