Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/548

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DE CHARLES DE SÉVIGNÉ.

Vous me demandez mon avis, ma petite sœur ; le voici: il faut des autels pour ma divinité; mais il ne faut point envoyer ma divinité au service des autels, pendant que vous serez à Paris. Toutes vos raisons pour la mener avec vous sont décisives, et les autres ne me paraissent pas mériter que vous y fassiez seulement attention. Je suis bien assuré que vous ne me voudrez point de mal de décider comme je fais ; et si je suis mal avec vous, je m’en prendrai à d’autres choses qu’à cette décision. Vos entrailles auront été bien émues en entendant parler de tant de morts, et en apprenant que l’armée de M. de Boufflers avoit joint celle de M. de Luxembourg. Cependant notre marquis n’étoit point au combat, et j’en suis ravi : il me semble qu’il étoit funeste aux jeunes gens de conséquence, et je serois bien fâché de vous voir figurer avec Mme de Saucourt et Mme de Cauvisson. Je laisse ici deux dames qui sont moins affligées que celles-là, mais qui m’assurent qu’elles le sont. Je n’oserois vous en dire la raison, car, ma foi, elle n’en vaut pas la peine. Je vous dirois bien, moi, pourquoi je suis triste de mon côté, et vous le comprendriez plus aisément. Adieu, ma petite sœur : je salue tout ce qui est autour de vous, et continue toujours d’adorer la déesse Pauline.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ.

IL s’en va, l’infidèle ! J’ai vu, ma bonne, que j’étois comme vous : je me moquois de Copenhague[1] et des gazettes ; mais la campagne et l’intérêt qu’on prend aux affaires générales, fait changer d’avis. Je les lis toutes

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  1. 21. Voyez tome lV, p. 156 ;tomeV,p.376 ; tome VI, p. 55i,etc. -- Mme de Sévigné a écrit Copenhaguen.