Page:Sévigné Lettres édition Capmas 1876 tome 1.djvu/118

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103 INTRODUCTION. lféditeur le plus intelligent, le plus consciencieux, le plus exercé, tant qu`il n’a pas un texte sûr, est donc exposé à faire fausse route. Souvent la bizarrerie d`un texte défectueux lui fera croire à son originalité; il prendra des ellipses d`une hardiesse inconnue, dues à des omissions ou à des scttises de copiste, pour des traits de l’auteur, pour des marques de son style pré- cieuses à conserver, et que les anciens éditeurs avaient eu tort de faire disparaître. Il eH`acera lui-même ailleurs, sur de trompeurs témoignages, de ces traits, de ces mar- ques, que son désir cependant était autant que possible de maintenir. Il se laissera séduire, dans d'aut1·es cas, par [`ancienneté, et répudiera une leçon excellente, pour prendre une lecon fautive, dont tout le mérite est d’être plus vieille de quelques mois. Enfin, désireux de tout conserver, de tout expliquer, il lui arrivera, trompé par ~ le mauvais état d°un manuscrit fait sans soin et sans intelligence, de réunir et de coudre ensemble des textes tronqués, fort étonnés de se trouver à côté l’un de l`au- tre, et d`en faire un tout de pure imagination, qui sera en outre naturellement presque toujours fort obscur. Il n`y a rien d`exagéré dans ce tableau très-raccourci et qu’il serait si facile de développer; une multitude d`exemples pourraient en prouver la vérité : nous on donnerons bientôt quelques—uns. Nous en avons maintenant assez dit pour qu`on puisse se former une idée exacte et nette des services que le nouveau manuscrit est en état de rendre. Le texte de la correspondance de Mme de Sévigné avec sa lille, dans l'état ou Font amené les travaux de