Page:Sévigné Lettres édition Capmas 1876 tome 1.djvu/441

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DE MADAME DE ssvzcurî. [,27 parlé de vous : ell·e ne doute point que Yafimre de , 6,, 6 teur l’ait tiré d’u.ue autre lettre de Mme de Sévigné, que notre manuscrit ne renferme pas, soit qu’il I'ait, pour le fond, emprunté à des mémoires du temps, -- aux Hénzoimc dc Pabbé de Choisy ou de tout autre, — et qu’il l’ait lui-même arrangé pour lc rendre propre â être inséré, sans courir risque d’être trop facilement re- - connu, dans la correspondance qu’il publiait? En un mot, notre manuscrit est-il ici incomplet, ou ya—t-il dans le texte de la lettre, tel qu’il a été donné par Perrin,, imc addition, soit une addition par simple transposition, faute que cet éditeur eommettait assez fréquemment, soit une addition proprement dite, une addition tirée d’une source étrangère, faute beaucoup plus grave, mais bien plus rare aussi (voyez l’Introductîmz, pages I2 1: et suivantes)? Ces ques- tions sont délicates, sur quelques points surtout, et il serait témé- raire de vouloir les trancher avec trop d’assurance. Ce qui nous parait bien certain, c'est que le passage en question xfappartient pas à notre lettre. Il a trop dimportauce pou.r qn’on l’eût laissé de côté, dans la transcription de la lettre que donne notre manuscrit. Ce dernier, ou le sait, reproduit presque toujours dans leur intégrité les lettres qui s’y trouvent insérées, et les reproduit dans leur ordre véritable, sans transposition d’aucune sorte, soit d’une lettre à l’au—· tre, soit même des divers passages d’une même lettre. Rien ne permet de soupçonner qu’il en ait été autrement pour lalettrc qui nous occupe. Perrin d’ailleurs doit être ici fort suspect; car le pas- sage en question ne figurait pas dans sa première édition, pas plus qu’il ne llgure dans notre manuscrit, et c’est seulement dans I’édi-— tion de I754 qu'il a été publié. Mais ce passage est—il de Mme de Sévigné? C’est sur ce point qu’ou peut avoir des doutes. Perrin, pour faire illusion, a pu facilement mêler quelques expressions emprun- tées à Mme de Sévigné à un récit tiré d’une autre source; mais Perrin cependant s’est rarement permis des additions proprement dites, et celle-ci serait considérable. De plus, si tout ce passage 11,0Sll q11‘uu pastiche, il faut reconnaître qulil est habilement composé. Il est vrai qu’0n y trouve Fexpression duché au masculin : « Cet agent a demandé qu’on fît de cette terre un duché », et on sait que Mme de Sévigné, suivant Dusage qui prévalait encore de son temps, mettait toujours cle mot au féminin (voyez les passages cités dans le Lexique de la langue de Mme de Sévigné, v° Ducati); mais on ne peut tirer de là aucune conclusion certaine, car nous voyons Perrin, dans son édition dc 1754, substituer ailleurs encore, pour ce mot, dans des passages qui ne peuvent inspirer aucun soupçon, le masculin au fé- minin, que Mme de Sévigné avait mis, et qu’il avait lui-même con-