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de voyage.

Maison consulaire de France à Chang-hay.

« Nous visitâmes souvent notre consul à Chang-hay. Sa bienveillance pour ceux qu’il accueille ne se borne pas à de simples protestations ; il ouvre sa main comme sa maison. Il est marié ; mais une femme, c’est toujours le revers de la médaille. — Madame Colette de M***, née Alliot, est une grande, raide, froide, sèche et maigre personne qu’on dirait taillée dans une planche de sapin. C’est au physique et au moral une manière de figure géométrique avec beaucoup d’angles rentrants et sortants. Ce peu de liant et d’aménité dans une maîtresse de maison change en corvée ce qui serait un plaisir. Elle n’a pas daigné une seule fois, pendant notre séjour à Chang-hay, nous confirmer les invitations de son mari, et nous sommes partis sans savoir si notre présence lui avait été agréable ou fâcheuse.

« La maison consulaire se complète d’un chancelier et de l’interprète. Le chancelier, M. E***, est un excellent homme, toujours empressé et toujours complaisant, spirituel et gai, à l’air à la fois débonnaire et malin. Je n’ai entendu personne en dire du mal et c’est son plus grand éloge.

Le chancelier du Consulat et son chinois.

« Ce bon chancelier possède à son tour une ombre qui ne le quitte pas d’une semelle. C’est un grand diable de chinois long, effilé comme une allumette, et qui le sert de domestique. À les voir ensemble, l’un suivant l’autre, marchant quand il marche, s’arrêtant quand il s’arrête, ce sont deux réjouissantes figures. Ce qu’il y a de