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L’ENNEMI DES FEMMES

de ceux qu’il défendait que de ceux qu’il attaquait, un instinct de destruction infaillible, et un génie de l’anarchie, qui s’en tenait à la bagatelle, mais qui pouvait devenir féroce et compromettant pour la paix publique, à un moment donné.

Il ne tarit pas sur le compte des niais qui acceptaient les oracles du fermier Gaskine et du faux poète Jaroslaw, comme ils avaient accepté les sentences de Nadège. L’expérience prouvait que le talent, l’éloquence ne faisaient rien au prestige ! C’était la vocation des béats qui constituait toute la sublimité de Dieu !

Ces railleries blessaient moins les lecteurs du journal que les gens du pouvoir, dont la défaite était ainsi accentuée et empoisonnée.

Le gouverneur ne pardonnait pas le tour qui lui avait été joué dans les élections. Selon une habitude invariable et universelle, il chercha et demanda des victimes, pour soulager son dépit, n’osant s’attaquer directement, une seconde fois, au journal, pendant que son rédacteur en chef était encore en prison.

Dans une conversation en apparence étrangère à la politique, le directeur du Cercle apprit, on ne sut par qui, qu’un de ses principaux employés, Constantin, était lié avec la famille Pirowski, et fiancé même à Petrowna ; or, il était de notoriété que le Palais de bois, sur la place, était la petite chapelle exclusivement consacrée au culte de Nadège Ossokhine.