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L’AMOUR CRUEL

Lidwine recula effrayée. Jetant les bras autour du cou de son mari, comme pour lui demander protection, elle toucha du bout de son pied le formidable animal.

— N’aie pas peur, la tranquillisa Hemelnizki.

— Je pense au danger que tu as couru, repartit la jeune femme. C’est cela qui me fait trembler, rien que cela.

— Cette fois, tu t’es inquiétée sans raison. Quand le gaillard s’est dirigé sur moi, je l’interpellai. Alors il se dressa sur ses jambes de derrière, Jan s’apprêtait à me venir en aide, mais déjà je lui enfonçais ma pique dans le cœur. Ce fut l’affaire d’un clin d’œil. Tu as maintenant la couverture promise pour ton traîneau.

Les hommes s’assirent à la rustique table couverte de toile fine, et prirent leur souper composé de sarrazin grillé et de viande fumée, arrosés de vin de Hongrie servi dans des verres à anses qu’un juif avait rapportés de la foire de Dantzig.

Hemelnizki causait d’abondance. Jan restait silencieux, rentré en lui-même, ne faisant même pas attention aux chiens qui appuyaient affectueusement leurs grosses têtes sur ses genoux.

Enfin le père se leva pour aller prendre du repos.