Page:Sacher-Masoch - Le legs de Caïn, 1874.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

m’a baisé la main, et m’a dit : Vous avez raison.

» Soigne-toi bien, car tu es à moi, — ne l’oublie pas, tu es à moi, donc il faut te soigner ! Comme je veux t’embrasser quand tu seras de retour ! »

« Hier soir, la souris est venue me présenter ses petits ; ils jouaient comme une bande d’écoliers.

» Faut-il que j’envoie les arbres coupés à la scierie ou dois-je attendre ton retour ?

» Avant-hier, Kascha s’est sentie malade, je reconnus les symptômes d’une fièvre maligne. Je l’ai immédiatement retirée de ta chambre des servantes et l’ai fait coucher dans une pièce du premier étage ; j’ai ouvert les fenêtres et je lui ai donné de deux heures en deux heures un verre d’acide de Haller dans de l’eau froide. Aujourd’hui elle a pu se lever. »

« 5 septembre 1863.

» Avant-hier, assez tard dans la soirée, nous avons remarqué une rougeur à l’horizon dans la direction de Volka. Je suis montée à cheval et j’y suis allée au galop. Les Polonais avaient mis le feu à une de nos granges, mais quand je suis arrivée, les paysans avaient déjà éteint l’incendie. Mon père est venu me voir hier, il m’a dit que l’ordre commence à se rétablir partout depuis que la garde rurale est sur pied. À Lemberg, tu sauras mieux que nous ce qui se passe, et si le gouvernement est décidé à prendre enfin des mesures énergiques pour faire cesser cet état de trouble et d’insécurité. Je me prépare à tout, nous vivons comme à la guerre, et je veille.