Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/167

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mutuelle tendresse. — Eh bien ! ma chère enfant, lui a dit Isabeau, dès que l’état où elles se trouvaient, leur a permis de s’entendre. Ne t’avais-je pas dit que tu serais malheureuse, dès que tu cesserais d’être sage. Sophie. — Les cruels ils m’ont trompée ; pourquoi me livrâtes vous à eux ? Isabeau. — Avais-je des droits sur toi ?… Mais il n’y a donc pas de ta faute ? Sophie — Je n’ai été que malheureuse et séduite, tout le crime est de leur côté. Isabeau. — Que ne revenais-tu dans ma maison, tu savais bien qu’elle était ouverte à l’innocence ? Sophie. — Ô ma bonne ! ma bonne ! aimez toujours votre Sophie ; elle n’a jamais oublié vos conseils, ils ont toujours été gravés dans son cœur. Isabeau. — Cette pauvre enfant ! — puis se tournant vers moi, en larmes : oh monsieur ! ne vous étonnez pas si je l’aime — je la regarde comme ma fille, je n’ai point d’autre enfant qu’elle. Les scélérats, ils ne me l’enlevaient donc que pour la perdre ?… Viens Sophie ! viens, — tu trouveras toujours le