Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/65

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liberté vous sera rendue ; mais il faut dans le cas contraire, que je vous aie absolument sous la main, afin que, si le tribunal ou la famille du mort venait à poursuivre, je puisse au moins prouver que j’ai fait mon devoir. Cependant, soyez tranquille ; je vais employer tant de soins pour tout anéantir, que vous serez, j’espère, bientôt maître de vos actions. Il sortit à ces mots pour donner des ordres ; et l’on me conduisit au château de Pierre-en-Cise, dans lequel il avait désiré que fut ma destination particulière, pour être plus à même de disposer secrètement de moi, et d’une manière qui put m’être agréable.

Je ne vous rendrai point ce qui se passa dans mon âme, en arrivant dans ce lieu fatal : quelques politesses que je reçus de l’officier qui y commandait, toute l’horreur de ma position se présenta d’abord à mes yeux… Les premiers effets de mon désespoir firent frémir ceux qui m’entouraient : il n’y eut sorte de moyens que je ne cherchasse pour m’arracher la vie. Qu’il est heureux de rencontrer, dans de semblables circonstances