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ISABELLE DE BAVIÈRE


pourtant fait naître les uns et les autres ; un même sol va vous couvrir, et si c’est par votre faute qu’il vous a précédé dans ce dernier asile des misères humaines, il n’aura pas, du moins, comme vous, en expirant, le remords de vous y avoir plongé par indifférence. »

Ici l’on vit les larmes couler des yeux de cet interprète de la vérité. « Hélas ! poursuivit-il en les essuyant, songez que les jours de la prospérité, ou du moins ceux que vous appelez ainsi, s’écoulent avec la rapidité de l’éclair en vous entraînant avec eux dans l’abîme que leurs feux trompeurs vous dérobent, et souvenez-vous que les jours qui les suivent, obscurcis par les regrets, ne laissent plus dans votre âme affaiblie que l’affreux sentiment du désespoir. Comparez un instant les frivoles plaisirs que vous procurent ces richesses amassées par les mains de l’avarice, prodiguées par celles du crime ; comparez, dis-je, ces faibles jouissances avec celles que vous fait éprouver la reconnaissance du pauvre soulagé par vous, et venez me dire où vous aurez trouvé le bonheur. »

Rappelant ensuite les bontés de Dieu pour son peuple égaré dans le désert, il mit cette touchante description à côté de celle de tous les maux causés par les spoliateurs du peuple.

« Si vous vous refusez à la persuasion, ajouta-t-il