aux sentiments que nous faisons naître en vous,
que par vice ou dépravation. — En vérité je
crois que vous allez me convertir. — Je le voudrais.
— Qu’y gagneriez-vous, tant que vous
serez vous-même dans l’erreur ? — C’est une
obligation que m’aura mon sexe, et comme
j’aime les femmes, je suis bien aise de travailler
pour elles. — Si le miracle s’opérait, ses effets
ne seraient pas aussi généraux que vous avez l’air
de le croire, je ne voudrais me convertir que
pour une seule femme tout au plus… afin d’essayer.
— Le principe est honnête. — C’est qu’il
est bien certain qu’il y a un peu de prévention,
je le sens, à prendre un parti sans avoir tout
goûté. — Comment, vous n’avez jamais vu de
femme ? — Jamais, et vous… posséderiez-vous
par hasard des prémices aussi sûrs ? — Oh, des
prémices, non… les femmes que nous voyons
sont si adroites et si jalouses qu’elles ne nous
laissent rien… mais je n’ai connu d’homme de
ma vie. — Et c’est un serment fait ? — Oui, je
n’en veux jamais voir, ou n’en veux connaître
qu’un aussi singulier que moi. — Je suis désolé
de n’avoir pas fait le même vœu. — Je ne crois
pas qu’il soit possible d’être plus impertinent…
Et en disant ces mots Mlle de Villeblanche se
lève et dit à Franville qu’il est le maître de se
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AUGUSTINE DE VILLEBLANCHE
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