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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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rassée de M. de Fontanis, c’était celle des catins, non qu’il en fît un grand usage en général : quoique fort chaud, il était de faculté rétive et peu usante, et ses désirs s’étendaient toujours beaucoup plus loin que ses pouvoirs. M. de Fontanis visait à la gloire de transmettre son illustre nom à la postérité, voilà tout, mais ce qui engageait ce magistrat célèbre à user d’indulgence envers les prêtresses de Vénus, c’est qu’il prétendait qu’il était peu de citoyennes plus utiles à l’État, qu’au moyen de leur fourberie, de leur imposture et de leur bavardage, une foule de crimes secrets parvenait à se découvrir, et M. de Fontanis avait cela de bon, qu’il était ennemi juré de ce que les philosophes appellent les faiblesses humaines.

Cet assemblage un peu grotesque de physique ostrogoth et de morale justinienne sortit pour la première fois de la ville d’Aix en avril 1779 et vint, sollicité par M. le baron de Téroze qu’il connaissait depuis très longtemps pour des raisons de peu d’importance au lecteur, se loger à l’hôtel de Danemark, non loin de celui du baron. Comme on était alors au temps de la foire Saint-Germain, tout le monde crut dans l’hôtel que cet animal extraordinaire venait pour se montrer. Un de ces êtres officieux, toujours offrant leurs