trée, mais aussi faible que sensible, elle avait
malheureusement laissé déjà cueillir à son délicieux
amant cette fleur qui, bien différente des
roses quoiqu’on les lui compare quelquefois, n’a
pas comme elles la faculté de renaître à chaque
printemps. Or qu’aurait pensé M. de Fontanis…
un président au parlement d’Aix… en voyant sa
besogne faite ? un magistrat provençal peut
avoir bien des ridicules, ils sont d’état dans cette
classe, mais encore se connaît-il en prémices, et
est-il bien aise d’en trouver au moins une fois
en sa vie dans sa femme. Voilà ce qui arrêtait
Mllede Téroze qui, quoique très vive et très
espiègle, avait cependant toute la délicatesse qui
convient à une femme dans ce cas-là, et qui sentait
parfaitement bien que son mari l’estimerait
fort peu, si elle venait à le convaincre qu’elle
avait pu lui manquer de respect même avant que
de le connaître ; car rien n’est juste comme nos
préjugés sur cette matière : non seulement il faut
qu’une malheureuse fille sacrifie tous les sentiments
de son cœur au mari que ses parents lui
donnent, mais elle est même coupable si avant
que de connaître le tyran qui va la captiver, elle
a pu, n’écoutant que la nature, se livrer un instant
à sa voix. Mlle de Téroze confia donc ses
chagrins à sa sœur qui, beaucoup plus enjouée
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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX