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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


roir, et de leur côté les animaux impurs défendus par le bon Moïse, ne devaient-ils pas rendre grâce au ciel de se trouver enfin un législateur à leur tête, et un législateur du parlement d’Aix qui, accoutumé dès l’enfance à juger de causes relatives à l’élément favori de ces bonnes bêtes, pourrait un jour arranger et prévenir toutes discussions tendant à cet élément si analogue à l’organisation des uns et des autres.

Quoiqu’il en soit, comme la connaissance ne se fit pas tout de suite, et que la civilisation mère de la politesse n’est guère plus avancée parmi les membres du parlement d’Aix, que parmi les animaux méprisés de l’israélité, il y eut d’abord une espèce de choc, dans lequel le président ne cueillit point de lauriers : il fut battu, froissé, harcelé de coups de grouins ; il fit des remontrances, on ne l’écouta point ; il promit d’enregistrer, rien ; il parla de décret, on ne s’émut pas davantage ; il menaça d’exil, on le foula aux pieds ; et le malheureux Fontanis tout en sang travaillait déjà à une sentence où il ne s’agissait rien moins que de fagot, quand on accourut enfin à son secours.

C’était La Brie et le colonel qui armés de flambeaux, venaient tâcher de débarrasser le ma-