Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


l’école vétérinaire, un âne qui était tombé dans un trou très profond et qu’au bout d’un mois l’animal restauré portait gaillardement ses sacs de plâtre, comme il avait eu toujours coutume de faire. Effectivement le président qui ne laissait pas que d’être bilieux, redevint frais et vermeil, les contusions se dissipèrent, et l’on ne s’occupa plus que de le restaurer pour lui donner les forces utiles à endurer ce qui lui revenait encore.

Le douzième jour du traitement, Delgatz prit son malade par la main et le présentant à Mlle de Téroze : Le voilà, madame, lui dit-il, le voilà, cet homme rebelle aux lois d’Hippocrate, je vous le ramène sain et sauf, et s’il s’abandonne sans frein aux forces que je lui ai rendues, nous aurons le plaisir de voir avant six mois, continua Delgatz en posant légèrement la main sur le bas ventre de Mlle de Téroze… oui, madame, nous aurons tous la satisfaction de voir ce beau sein arrondi par les mains de l’hymen. — Dieu vous entende, docteur, répondit la friponne, vous m’avouerez qu’il est bien dur d’être femme depuis quinze jours sans avoir cessé d’être fille. — Incomparable, dit le président, on n’a point une indigestion toutes les nuits, toutes les nuits le besoin d’uriner ne culbute pas un époux au bas de son lit et croyant tomber dans les bras d’une jolie