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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


peut désirer son maître, ne le servant jamais ni de sa bourse ni de sa personne, s’opposant sans cesse à toutes ses bonnes intentions, dont l’unique métier est de fomenter la division des particuliers, d’entretenir celle du royaume et de vexer les citoyens… je le demande, comment peux-tu t’imaginer qu’un tel être puisse jamais être précieux à l’État ? — Je ne réponds plus dès que l’humeur s’en mêle. — Eh bien, au fait, mon ami, j’y consens, au fait, dusses-tu réfléchir trente jours sur cette aventure, dusses-tu la faire burlesquement opiner à tes pantalons de confrères, je te dirai toujours qu’il n’est à tout ceci d’autre moyen que d’aller nous établir nous-mêmes chez les gens qui veulent nous en imposer. Le président marchanda encore, se défendit par mille paradoxes tous plus absurdes, tous plus orgueilleux les uns que les autres, et finit enfin par conclure avec le marquis qu’il partirait le lendemain avec lui et deux laquais de la maison ; le président demanda La Brie, nous l’avons dit, on ne sait trop pourquoi, mais il avait une grande confiance en ce garçon. D’Olincourt, trop au fait des importantes affaires qui allaient retenir La Brie au château pendant cette absence, répondit qu’il était impossible de l’emmener, et le lendemain dès la pointe du jour on se prépara