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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX

M. de Fontanis qui, en bon robin, augmentait la somme de ses bonnes qualités d’un penchant extrême pour les femmes, ne vit pas sans quelque velléité la jeune Lucile dans le cercle de la marquise d’Olincourt ; il commença par s’informer de son confident La Brie, quelle était cette jeune personne, et celui-ci lui ayant répondu de manière à nourrir l’amour qu’il voyait naître au cœur du magistrat, lui persuada d’aller en avant : C’est une fille de qualité, répondit le perfide confident, mais qui n’est pourtant pas à l’abri d’une proposition d’amour d’un homme de votre espèce ; M. le président, continua le jeune fourbe, vous êtes l’effroi des pères et la terreur des maris, et quelques projets de sagesse qu’un individu femelle ait pu faire, il est bien difficile de vous tenir rigueur. Figure à part, il n’y eût-il que l’état, quelle femme peut résister aux attraits d’un homme de justice, cette grande robe noire, ce bonnet carré, croyez-vous que tout cela ne séduise pas ? — Il est certain qu’on se défend difficilement de nous, nous avons un certain homme à nos ordres qui fut toujours l’effroi des vertus… enfin tu crois donc, La Brie, que si je disais un mot… — On se rendrait, n’en doutez pas. — Mais il faudrait me garder le silence, tu sens bien que dans la situation où je me trouve,