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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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passé dans leur maison ; c’est de commun accord, de notre plein gré à l’un et à l’autre, que nous renonçons mutuellement aux desseins de réunion que l’on avait formés sur nous, que nous nous rendons réciproquement la liberté de disposer de nos personnes, comme si jamais il n’eût existé d’intention de nous joindre. Et c’est en pleine liberté de corps et d’esprit que je signe ceci au château de Valnord, appartenant à Mme la marquise d’Olincourt. »

— Vous m’avez dit, monsieur, reprit le président après la lecture de ces lignes, ce qui m’attendait si je ne signais pas, mais vous ne m’avez point parlé de ce qui m’arriverait si je consentais à tout.

— La récompense en sera votre liberté dans l’instant, monsieur, reprit le faux gouverneur, la prière d’accepter ce bijou de deux cents louis de la part de Mme la marquise d’Olincourt, et la certitude de trouver à la porte du château votre valet et deux excellents chevaux qui vous attendent pour vous ramener à Aix.

— Je signe et pars, monsieur, j’ai trop à cœur de me délivrer de tous ces gens-ci pour balancer une minute.

— Voilà qui va bien, président, dit le capitaine en prenant l’écrit signé et lui remettant le bijou, mais prenez garde à votre conduite ; une fois dehors, si la manie de vous venger allait quelquefois