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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


filets, quel parti il n’y a-t-il pas à tirer pour un riche débauché, d’un mercure adroit dans cette confrérie. Par une fatalité bien singulière, Saint-Verac, procureur de madame de Telême, était en même temps le conseiller bonneau de M. de Fondor, l’un des plus riches traitants de la capitale ; il n’eut pas plus tôt vu une jeune femme de dix-sept ans, de la taille la plus leste et la plus agréable, possédant la bouche la plus fraîche, les deux yeux noirs les plus animés, les cheveux du monde les plus superbes, la plus belle gorge, la peau la plus douce et la plus blanche, les traits les plus délicats et l’ensemble en un mot le plus touchant et le plus flatteur, qu’il courut prévenir son patron que Vénus même arrivait de Cythère pour visiter sans doute les états de son fils ; ou pour quitter la métaphore, il lui confia naturellement que cette provinciale, facile à mettre à l’aumône en huit jours, était un morceau délicieux que le sort n’amenait à Paris que pour lui, qu’à l’égard de son affaire, elle était sûre et qu’après avoir visité avec elle tous les papiers, il était clair que le réclamateur des biens n’étant qu’un imposteur, il ne s’agissait que d’éclairer le parlement pour qu’en un mois Mme de Telême se retrouvât maîtresse de ce qu’on lui ravissait. — Voilà qui va le mieux du monde, dit Fondor,