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IL Y A PLACE POUR DEUX.


Une très jolie bourgeoise de la rue St-Honoré, d’environ vingt-deux ans, grasse, potelée, les chairs les plus fraîches et les plus appétissantes, toutes les formes moulées quoique un peu remplies, et qui joignait à tant d’appas de la présence d’esprit, de la vivacité, et le goût le plus vif pour tous les plaisirs que lui interdisaient les lois rigoureuses de l’hymen, s’était décidée depuis environ un an à donner deux aides à son mari qui, vieux et laid, lui déplaisait non seulement beaucoup, mais s’acquittait même aussi mal que rarement des devoirs qui peut-être un peu mieux remplis eussent pu calmer l’exigente Dolmène, ainsi s’appelait notre jolie bourgeoise. Rien de mieux arrangé que les rendez-vous qu’on indiquait à ces deux amants : Des-Roues, jeune militaire, avait communément de quatre à cinq