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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


réduire l’un et l’autre, ne me refusez pas un confesseur, et que je puisse en même temps embrasser pour la dernière fois mon père et ma mère. On envoie chercher sur-le-champ les personnes que demande cette femme infortunée, elle se jette dans le sein de ceux qui lui ont donné le jour et proteste de nouveau qu’elle n’est point coupable. Mais quels reproches faire à un mari qui se croit trompé et qui ne punit aussi cruellement sa femme qu’en s’immolant lui-même ? Il ne s’agit que de se désespérer, et les pleurs coulent également de toutes parts.

Cependant le confesseur arrive… Dans ce cruel instant de ma vie, dit la marquise, je veux pour la consolation de mes parents et pour l’honneur de ma mémoire faire une confession publique, et en même temps elle s’accuse tout haut de tout ce que la conscience lui reproche depuis qu’elle est née. Le mari attentif et qui n’entend point parler du baron d’Aumelas, bien sûr que ce n’est point dans un moment pareil où sa femme osera employer la dissimulation, se relève au comble de la joie. — Ô mes chers parents, s’écrie-t-il en embrassant à la fois son beau-père et sa belle-mère, consolez-vous, et que votre fille me pardonne la peur que je lui ai faite, elle m’a donné assez d’inquiétude pour qu’il me