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LES FILOUS
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Telles étaient pendant la route les conversations de la douce et bonne Rosette avec le fripon qui la sondait, se promettant bien d’avance de tirer un bon parti de la novice qui se livrait avec tant de candeur ; quel coup de filet pour la bande libertine, cinq cents louis et une jolie fille, qu’on dise quel est celui des sens qui n’est pas chatouillé d’une telle trouvaille. Dès qu’on approcha de Pontoise : Mademoiselle, dit l’escroc, il me vient une idée, je m’en vais prendre ici des chevaux de poste afin de vous devancer chez M. votre oncle et de vous annoncer à lui ; ils viendront tous au devant de vous, j’en suis sûr, et vous ne serez pas isolée au moins en arrivant dans cette grande ville. Le projet s’accepte, le galant monte à cheval et se dépêchant d’aller prévenir les acteurs de sa comédie, quand il les a instruits et prévenus tous, deux fiacres amènent à St-Denis la prétendue famille ; on descend à l’auberge, l’escroc se charge des présentations, Rosette trouve là M. Mathieu, le grand Charles arrivant de l’armée et les deux charmantes cousines ; on s’embrasse, la Normande remet ses lettres, le bon monsieur Mathieu verse des larmes de joie en apprenant que son frère est en bonne santé, on n’attend pas à Paris à distribuer les présents, Rosette trop empressée de faire valoir