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LE M… PUNI
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manière dont il s’y est pris, ne touche à quoi que ce soit, n’emporte rien, sort du logis, le ferme et disparaît.

La maison de M. de Savari était trop fréquentée pour que cette cruelle boucherie ne fût promptement découverte ; on frappe, personne ne répondant, bien sûr que le maître ne peut être dehors, on brise les portes et l’on aperçoit l’état affreux du ménage de cet infortuné ; non content de transmettre les détails de son action au public, le flegmatique assassin avait placé sur une pendule, ornée d’une tête de mort, ayant pour devise : Regardez-la afin de régler votre vie, avait, dis-je, à la place de cette sentence, un papier écrit où se lisait : Voyez sa vie, et vous ne serez pas surpris de sa fin.

Une telle aventure ne tarda pas à faire du bruit, on fouilla partout, et la seule pièce trouvée ayant rapport à cette cruelle scène fut la lettre d’une femme, non signée, adressée à M. de Savari, et contenant les mots suivants. « Nous sommes perdus, mon mari vient de tout savoir, songez au remède, il n’y a que Paparel qui puisse ramener son esprit, faites qu’il lui parle, sans quoi il n’y a point de salut à espérer. »

Un Paparel, trésorier de l’extraordinaire des guerres, homme aimable et de bonne compa-