Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


de cette méthode que M. l’abbé Du Parquet, précepteur du jeune comte de Nerceuil, âgé d’environ quinze ans et de la plus jolie figure qu’il fût possible de voir. — M. l’abbé, disait journellement le petit comte à son instituteur, en vérité la consubstantialité est au-dessus de mes forces, il m’est absolument impossible d’entendre que deux personnes puissent n’en faire qu’une : développez-moi ce mystère, je vous en conjure, ou mettez-le du moins à ma portée.

L’honnête abbé, envieux de réussir dans son éducation, content de pouvoir faciliter à son élève tout ce qui pouvait en faire un jour un joli sujet, imagina un moyen assez plaisant d’aplanir les difficultés qui embarrassaient le comte, et ce moyen pris dans la nature devait nécessairement réussir. Il fit venir chez lui une petite fille de treize à quatorze ans et ayant bien éduqué la mignonne, il la conjoint à son jeune élève. — Eh bien, lui dit-il, à présent, mon ami, concevez le mystère de la consubstantialité : comprenez-vous avec moins de peine qu’il est possible que deux personnes n’en fassent qu’une ? — Oh mon Dieu, oui, monsieur l’abbé, dit le charmant énergumène, j’entends tout maintenant avec une facilité surprenante ; je ne m’étonne pas si ce mystère fait, dit-on, toute la