homme d’environ cinquante-six à cinquante-sept
ans, revenait en poste d’une de ses terres de
Picardie, lorsqu’en passant dans la forêt de Compiègne,
à environ six heures du soir vers la fin
de novembre, il entendit des cris de femme qui
lui parurent venir du coin d’une des routes, voisine
du grand chemin qu’il traversait ; il arrête,
et ordonne à son valet de chambre qui courait
à côté de la chaise d’aller voir ce que c’est. On
lui rapporte que c’est une jeune fille de seize à
dix-sept ans, noyée dans son sang, sans qu’il soit
possible pourtant de distinguer où sont ses
blessures et qui demande à être secourue ; le
comte descend aussitôt lui-même, il vole à cette
infortunée, il a de la peine également, à cause de
l’obscurité, à discerner d’où peut venir le sang
qu’elle perd, mais sur les réponses qu’on lui fait,
il voit enfin que c’est de la veine des bras où l’on
a coutume de saigner. — Mademoiselle, dit le
comte après avoir soigné cette créature autant
qu’il est en lui, je ne suis pas ici en situation de
vous demander les causes de vos malheurs, et
vous n’êtes guère en état de me les apprendre :
montez dans ma voiture, je vous prie, et que nos
soins uniques maintenant soient pour vous de
vous tranquilliser et pour moi de vous secourir.
En disant cela M. de Luxeuil, aidé de son valet
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ÉMILIE DE TOURVILLE
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