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mettait. Si on lui en présentait un qui eût quelques défauts corporels ou de vilains traits, il était aussi-tôt rejeté sous vingt prétextes, colorés de sophismes toujours indestructibles ; par ce moyen ou le nombre de ses pensionnaires n’était pas complet, ou ce qu’il possédait était toujours charmant.

Rodin donnait lui-même les leçons aux jeunes gens ; il leur enseignait les sciences et les arts, et Célestine sa sœur en faisait autant chez les filles ; aucun maître étranger n’entrait ; par ce moyen tous les petits mystères lubriques de la maison, toutes les iniquités secrètes se concentraient dans l’intérieur.

Dès que Justine vit clair, son esprit pénétrant ne put s’empêcher de se livrer à bien des réflexions, et l’intimité qu’on lui laissait avec Rosalie la mit bientôt à même de tout éclaircir avec elle ; la charmante fille de Rodin ne fit d’abord que sourire aux questions de Justine ; et ce procédé redoublant l’inquiétude de notre jeune aventurière, elle n’en pressa Rosalie de s’éclaircir qu’avec infiniment plus d’instances. Écoute, lui dit cette charmante fille, avec toute la candeur de son âge et toute la naïveté de son aimable caractère ; écoute, Justine, je vais tout t’apprendre, je