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bades, quatre femmes-de-chambre, une lectrice, deux veilleuses, trois équipages, dix chevaux, quatre valets choisis à la supériorité du membre, tout le reste des attributs d’une très-grande maison, et pour moi seule, plus de deux millions à manger par an, ma maison payée. Voulez-vous ma vie maintenant ?

Je me levais tous les jours à dix heures : jusqu’à onze, je ne voyais que mes amis intimes ; depuis lors jusqu’à une heure, grande toilette, à laquelle assistaient tous mes courtisans ; à une heure précise je recevais des audiences particulières pour les graces que l’on avait à me demander, ou le ministre, quand il était à Paris. À deux heures, je volais à ma petite maison, où d’excellentes appareilleuses me faisaient trouver régulièrement tous les jours quatre hommes et quatre femmes, avec qui je donnais la plus ample carrière à mes caprices. Pour que vous ayez une idée des objets que j’y recevais, qu’il vous suffise de savoir qu’il n’y entrait pas un individu qui ne me coûtât vingt-cinq louis au moins, et souvent le double ; aussi n’imagine-t-on pas ce que j’avais de délicieux et de rare, dans l’un et