Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/141

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aussi pour être payées, et nous ne devons jamais refuser l’occasion d’un présent. Bernis et son confrère ont d’ailleurs une manie fort singulière, c’est qu’ils ne goûteraient aucun plaisir, s’ils ne le payaient point ; je suis sûre que tu conçois cela. Je t’exhorte d’ailleurs à la plus extrême complaisance, il en faut avec de tels libertins ; ce n’est qu’à force d’art qu’on peut ranimer leurs désirs ; point de restriction, livre tout, je te donnerai l’exemple ; il faut absolument qu’ils perdent du foutre : nous ne devons rien négliger pour y réussir. Attends-toi donc à faire tout ce qui généralement pourra nous conduire à ce but.

Ce discours m’étonna, je l’avoue ; il n’eut pas produit chez moi cet effet, si j’eusse mieux connu les mœurs romaines ; quoiqu’il en fût, s’il me surprit, il ne me répugna point, et j’avais passé par assez d’autres épreuves, pour n’être point épouvantée de celle-là. Dès que Bernis s’apperçut que j’étais au fait, il s’approcha de mon oreille : nous savons que vous êtes charmante, me dit-il, pleine d’esprit et sans préjugés. Léopold nous a tout écrit, Olympe n’a pas été plus mystérieuse ; nous nous flattons