Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/234

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dont tu réponds, au tribunal de la Raison et de la Nature.

Mes leçons pénétrèrent mal dans l’ame étroite de cette prude ; ce fut peut-être la seule femme au monde que je ne pus réussir à corrompre ; et de ce moment je me déterminai à la perdre.

Afin de dresser plus sûrement mes batteries, je fis part du projet à Borghèse. Je te croyais amoureuse de la duchesse, me dit Olimpe ? — Moi, de l’amour, grand Dieu ! ce sentiment puéril fut toujours ignoré de mon cœur : je me suis amusée de cette femme, j’ai voulu la conduire au crime… elle me refuse, c’est une imbécille, que je ne pense plus qu’à perdre aujourd’hui. — Rien de plus simple et de plus aisé. — Oui, mais je veux que le mari périsse avec elle ; j’avais résolu sa mort ; je voulais armer le bras de sa femme, du poignard qui devait trancher le fil de ses jours : si la bêtise de cette femme s’y oppose, dois-je pour cela perdre cette victime. — Scélérate ! — Il faut qu’ils périssent tous deux… Cette idée me plaît, dit Borghèse, je m’en amuse comme toi : amène-les à ma campagne, et tu verras ce que