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eux ; que l’univers entier me blâme après, peu m’importe, je ne dois compte de mes actions qu’à moi. Voilà la vraie philosophie, dit Bracciani, j’ai moins développé mes principes que Ghigi, mais je vous assure qu’ils sont absolument les mêmes, et que je les ai mis en pratique tout aussi souvent. Monseigneur, dit Olimpe au magistrat de la police de Rome, vous êtes accusé d’employer beaucoup trop l’affreux supplice de la corde ; vous y faites, dit-on, appliquer beaucoup d’innocens, et vous le faites prolonger principalement sur eux, à tel point, prétend-on, qu’ils y périssent toujours. Je vais vous expliquer l’énigme, dit Bracciani. Ce supplice compose les plaisirs de ce scélérat ; il bande en le voyant exercer, il décharge si le patient en crève. Comte, dit Ghigi, je ne vois pas ce qui vous engage à faire ici les honneurs de mes goûts, je ne vous ai pas chargé, ce me semble, de dévoiler mes faiblaisses. Cet aveu du comte nous fait le plus grand plaisir, dis-je, avec vivacité ; c’est une jouissance que vous préparez à Olimpe, et j’avouerai franchement que c’en est une que vous me donnez aussi…… Elle serait complette, dit Olimpe, si Ghigi voulait s’y