Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/263

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même afin de m’emparer de la fille ; le piège tendu fort adroitement, réussit au mieux : la pauvre Cornélie est dans mes filets, et je suis maître de ses jours ; un mot de vous, et je vais vous la faire danser sur la corde, mieux qu’aucun baladin ne le fit de ses jours. Je persuaderai que par humanité je l’ai soustraite à la punition, et tout en me couvrant, de ce que les sots appellent un crime, j’aurai le mérite d’une superbe action. Voilà qui va le mieux du monde, dis-je ; mais cette mère que vous laissez vivre, ne peut-elle pas tout découvrir, et où en serions-nous alors ; il n’y aurait, ce me semble, rien de plus aisé que de lui persuader qu’elle est la complice de sa fille, et qu’elle-même a coopéré au vol dont elle veut faire retomber l’iniquité sur sa seule fille… Il y a peut-être encore quelques parens dans cette maison, dit le comte. Il est certain, dit Olimpe, qu’y en eût-il vingt, il me semble que pour la sûreté personnelle de Ghigi, il faudrait les immoler tous. Vous êtes des gens insatiables, répondit le magistrat, je voudrais simplement que vous ne missiez pas sur le compte de vos attentions pour moi, ce qui ne tient qu’à votre perfide