Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à celui-ci, reprit Olimpe, débutons par l’Aleatico, nous finirons par le Falerne, et les liqueurs dès l’entremet. — Et la victime. — Oh foutre ! elle respire encore, dit Ghigi. — Changeons-la, dit Olimpe, et qu’on enterre celle-là morte ou vive : tout s’arrange et la seconde des jeunes filles empalée par le trou du cul, nous sert de surtout au troisième dîner. Nouvelle à ces excès de table, je crus que je n’y résisterais pas, je me trompais ; en aiguisant l’estomac, la liqueur que nous prenions le réconfortait ; et quoique nous eussions tous mangé des cent quatre-vingts plats offerts à notre voracité, pas un de nous ne s’en ressentit. À ce troisième dessert, comme notre seconde victime respirait encore, nos libertins impatientés l’accablèrent d’outrages ; écumans de foutre et d’ivresse, il n’y eut rien qu’ils n’exécutèrent sur son malheureux corps, et j’avoue que je leur aidai beaucoup. Bracciani essaya sur elle deux ou trois expériences de physique, dont la dernière consistait à produire une foudre simulée, qui devait l’écraser à l’instant : telle fut sa cruelle fin ; elle expirait, quand la famille Cornélie vint éveiller dans nous l’affreux desir de nouvelles horreurs.