Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/275

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les secourir, dérober néanmoins les plus jolies, pour les offrir un jour à mes voluptés tyranniques, se hâter de plonger les autres au milieu des flammes… Olimpe… Olimpe, si vous eussiez vu tout cela, vous en seriez morte de plaisir. Scélérat, dit madame de Borghèse, combien en as-tu conservées ? Près de deux cents, répondit le monsignor ; on les garde dans un de mes palais, d’où elles partiront en detail pour se distribuer dans mes campagnes. Les vingt plus jolies vous seront offertes, je vous le promets, et ne vous demande pour reconnaissance, que de me faire voir quelquefois, d’aussi belles créatures que cette charmante personne, continua-t-il, en me montrant. Je suis étonnée que vous y pensiez encore, après ce que je sais de votre philosophie sur cet objet, dit Olimpe. J’avoue, répondit le magistrat, que mes sentimens sont très-loin de se donner avec mon vit, et qu’il suffirait qu’une femme parut aimer ma jouissance, pour n’être plus payée de moi que par de la haine et du mépris. Il m’est arrivé très-souvent même de concevoir l’un et l’autre sentiment pour l’objet qui devait me servir, et mes plaisirs, pris de cette manière, se trou-