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peut-on prendre ici ? — Mille sequins. — Vieux jean-foutre, répondis-je, voilà une balance, pèse-moi quand mes poches en seront pleines, et songe que je veux en emporter trois fois ma pesanteur ; il t’appartient bien de régler à si bas prix le mérite d’une femme comme moi, et en disant cela, je remplissais mes poches. Renonce à ce calcul, dit Braschi, il serait inexécutable ; tiens, voilà un bon de dix mille sequins, payable à vue sur mon trésorier. Un tel acte de générosité me touche peu ; c’est de l’argent que tu places sur Vénus, je ne t’en sais pas le moindre gré… et au sortir de cette chambre, je n’en pris pas moins, ainsi que je l’avais projeté, l’empreinte de la serrure, avec de la cire ; Braschi ne se douta de rien, et nous repassâmes dans l’appartement où il m’avait reçue. Juliette, me dit-il alors, quoiqu’il n’y ait encore qu’une seule condition de remplie, tu dois, ce me semble, être contente de moi ; voyons maintenant si je le serai de tes complaisances, et le paillard, en même tems, dénoue les cordons de mes jupes[1].

  1. Ceux qui me connaissent, savent que j’ai parcouru l’Italie, avec une très-jolie