Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

servir, en détruisant son plus bel ouvrage. On ne s’accorde point sur le nom du sculpteur ; l’opinion commune prête ce chef-d’œuvre à Praxitèle, d’autres à Cléomène : qu’importe, elle est belle, on l’admire, c’est tout ce qu’il faut à l’imagination ; et tel que puisse être l’auteur, le plaisir que l’on prend à admirer l’ouvrage, n’en est pas moins un des plus doux que l’on puisse goûter.

Mes yeux se portèrent de là sur l’hermaphrodite ; vous savez que les Romains, tous passionnés pour ce genre de monstre, les admettaient, de préférence, dans leurs libertines orgies ; celui-là, sans doute, est un de ceux dont la réputation lubrique fut la mieux établie ; il est fâcheux que l’artiste en lui croisant les jambes, n’ait pas voulu laisser voir ce qui caractérisait le double sexe ; on la voit couchée sur un lit, exposant le plus beau cul du monde… cul voluptueux que Sbrigani convoita, en m’assurant qu’il avait foutu celui d’une semblable créature, et qu’il n’était pas de plus délicieuse jouissance au monde.

Tout près est un grouppe de Caligula, caressant sa sœur ; ces maîtres orgueilleux de l’univers, loin de cacher leurs vices,