Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seraient suspendues par le trop grand empire de l’une d’elle ; il n’y aurait plus ni gravitation, ni mouvement. Ce sont donc les crimes de l’homme qui, portant du trouble dans l’influence des trois règnes, empêchent cette influence de parvenir à un point de supériorité, qui troublerait toutes les autres, et maintient dans l’univers ce parfait équilibre qu’Horace appelait rerum concordia discors. Le crime est donc nécessaire dans le monde ; mais les plus utiles sans doute, sont ceux qui troublent le plus, tels que le refus de la propagation ou la destruction, tous les autres sont nuls, ou plutôt il n’est que ces deux-là qui puissent mériter le nom de crimes ; et voilà donc ces crimes essentiels aux loix des règnes, et essentiels aux loix de la nature. Un philosophe ancien appelait la guerre, la mère de toutes choses ; l’existence des meurtriers est aussi nécessaire que ce fléau ; sans eux tout serait troublé dans l’univers. Il est donc absurde de les blâmer ou de les punir, plus ridicule encore de se gêner sur les inclinations très-naturelles qui nous entraînent à cette action malgré nous, car il ne se commettra jamais assez de meurtres sur la terre, eu égard à la soif ardente que la