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jamais dictées, les seules qui lui soient précieuses et chères, les seules que nous ne devions jamais enfreindre. Si l’homme en a fait d’autres, déplorons sa bêtise, mais ne nous y enchaînons point ; craignons d’être la victime de ses loix absurdes, mais ne les enfreignons pas moins ; et, libres de tous les préjugés, dès que nous le pourrons impunément, vengeons-nous de la contrainte odieuse de ses loix, par les outrages les plus signalés ; plaignons-nous de ne pouvoir assez faire, plaignons-nous de la faiblesse des facultés que nous avons reçues pour partage, dont les bornes ridicules contraignent à tel point nos penchans ; et loin de remercier cette nature inconséquente, du peu de liberté qu’elle nous donne pour accomplir les penchans inspirés par sa voix, blasphêmons-la du fond de notre cœur, de nous avoir autant rétrécie la carrière qui remplit ses vues ; outrageons-la, détestons-la, pour nous avoir laissé si peu de crimes à faire, en donnant de si violens desirs d’en commettre à tous les instans !

« O toi, devons-nous lui dire, toi, force aveugle et imbécille, dont je me trouve le résultat involontaire, toi qui m’as jeté sur ce