Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/36

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sœurs et moi nous nous soumettrons à tes caprices, nous satisferons tes desirs ; mais si tu étais sujet, comme tous les gens de ton espèce, à des fantaisies dangereuses, préviens-nous, notre intention n’étant pas d’entrer que nous ne soyons sûres de n’avoir rien à craindre. Les victimes sont là vous dit le Grand Duc, vous n’êtes que les prêtresses… l’abbé et moi les sacrificateurs… Entrons, dis-je à mes compagnes ; à quelque point que les souverains soient fourbes, on ne risque pourtant rien de les croire quelquefois, sur-tout lorsque l’on porte avec soi des moyens certains de vengeance, et je laissai voir en même-tems le bout du manche d’un poignard, qui ne me quittait pas depuis que j’étais entrée en Italie : quoi ! me dit Léopold, en s’appuyant sur mon épaule, vous attenteriez aux jours d’un souverain ? Mon cher, dis-je effrontément, je ne t’attaquerai pas la première, mais si tu t’oubliais avec moi, ceci, poursuivis-je, en montrant le poignard, te ferait souvenir que c’est à une Française que tu parles… À l’égard de ton caractère sacré, mon ami, permets-moi d’en rire un instant ; ne t’imagine pas, je t’en prie, que le ciel, en te