Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/46

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Mesdames, nous dit le Duc, pendant qu’il essuyait son vit, en vous accordant à chacune les trois mille sequins que vous avez exigés, j’ai compté payer le secret. Il sera sévèrement gardé, répondis-je, mais j’y mets une condition. — Est-ce à toi de parler ainsi ? — Assurément… et tes crimes me donnent des droits, dès que je peux te perdre en les divulguant. Voilà ce que c’est, Monseigneur, dit l’abbé, que de se mettre ainsi à la disposition de ces coquines, ou il ne faut jamais leur rien laisser voir, ou il faut les tuer dès qu’elles ont vu. Toutes ces commisérations-là vous perdront ou vous ruineront, je vous l’ai dit cent fois ; est-ce à vous à composer avec de pareilles gueuses ?…… Doucement, l’abbé, répondis-je, le ton que tu prends serait au plus convenable avec des coquines comme celles que ton patron et toi voyez, sans doute, ordinairement ; il ne l’est pas avec des femmes de notre rang… qui, peut-être aussi riches que toi, dis-je en m’adressant au duc, se prostituent par goût et non par avarice ; terminons cette discussion ; le Duc a besoin de nous, nous avons besoin de lui ; que des services mutuels rétablissent ici la balance. Léopold,