Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de plus délicieux ; tout se payait exhorbitamment cher ; mais on était merveilleusement servi ; par les soins de mes deux compagnes, dressées à l’escroquerie, il s’égarait infiniment de bourses et de bijoux ; mais on avait beau se plaindre, la protection qui nous était accordée repoussait tout, et nous triomphions de toutes les vaines dénonciations qu’on osait faire sur notre conduite.

Le premier qui parut fut le duc de Pienza. Sa passion est assez singulière pour vous être détaillée. Il fallait seize jolies filles au duc : on les arrangeait par couple, une coîffure égale caractérisait chaque couple ; j’étais dans un sopha près de lui, et nue comme les couples, seize musiciens tous jeunes, jolis, et également nuds, étaient placés à droite sur des gradins ; chaque couple devait paraître à son tour. Avant qu’il n’entra, le duc me confiait l’attitude ou la volupté qu’il exigeait de ce couple. On prévenait les musiciens du secret, et c’était par le son plus ou moins fort des instrumens que le couple parvenait à deviner ce qu’il avait à faire. Devinait-il ? la musique cessait, et le duc enculait les deux filles. Ne devi-