Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/63

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été parfaitement foutue, et qui faisait journellement des parties chez moi, vint me conjurer de lui en donner un pour sa mère, qui gênait vivement ses plaisirs, et dont il attendait une énorme succession. Tant d’excellens motifs le déterminaient à se débarrasser fort vite de cet argus ; et comme l’individu était ferme dans ses principes, il ne balançait nullement à commettre une action qui lui paraissait aussi simple. Il m’avait demandé un poison violent, et surtout très-prompt. Je lui en vendis au contraire un lent, mais sûr ; et dès le lendemain de la conclusion du marché, je vais trouver la mère : l’opération devait être faite. Mon jeune homme était trop pressé pour attendre ; mais comme le venin ne devait agir qu’au bout de quelques jours, on ne pouvait encore s’appercevoir de rien. Je révèle à la mère tous les desseins du fils : Madame, lui dis-je, vous êtes perdue sans mes soins ; mais votre fils n’est pas seul dans cet affreux complot formé contre vos jours ; ses deux sœurs y trempent également ; et c’est l’une d’elles qui est venue me demander le poison nécessaire à trancher le fil de vos jours. — Oh ciel ! vous me faites frémir ! — Il est