Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/66

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Madame de Donis était veuve, trente-cinq ans, faite à peindre, d’une figure charmante, beaucoup d’esprit, remplie de grâces : attachée à elle et par les nœuds du libertinage, et par les liens de l’intérêt, nous nous livrions ensemble aux dérèglemens de l’impudicité les plus bisarres et les plus monstrueux ; j’avais appris à la comtesse l’art d’aiguillonner ses plaisirs par tous les rafinemens de la cruauté, et la putain, dirigée par moi, ait était déjà presqu’aussi scélérate ; nous faisions des horreurs ensemble. O mon amie ! me disait-elle un jour, combien d’espèces de desirs échauffe l’idée d’un crime, je la compare à une étincelle qui met rapidement le feu à tout ce qu’elle trouve de combustible… dont le ravage s’accroît en raison des alimens qu’elle rencontre et qui se termine par produire en nous un incendie qu’on n’éteint plus qu’avec des flots de foutre. Mais, Juliette, il doit y avoir une théorie sur cela comme sur tout, il doit y avoir des principes, des règles… je brûle de les connaître ; instruis-moi, mon ange, tu vois mes dispositions, mes penchans ; apprends-moi, mon amour, à régler tout cela. Femme adorable, répondis-je, croyez que j’aime trop