Page:Sade - Les Crimes de l’amour, 1881.djvu/272

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de tous les trésors de la vie, ils auront aussi dans les autres l’heureux modèle de toutes les vertus.

Étonnante bizarrerie du sort ! Marat, c’était du fond de cet antre obscur où ton ardent patriotisme combattait les tyrans avec autant d’ardeur, que le génie de la France indiquait ta place dans ce temple où nous te révérons aujourd’hui.

L’égoïsme est, dit-on, la première base de toutes les actions humaines ; il n’en est aucune, assure-t-on, qui n’ait l’intérêt personnel pour premier motif, et, s’appuyant de cette opinion cruelle, les terribles détracteurs de toutes les belles choses en réduisent à rien le mérite. Ô Marat ! combien tes actions sublimes te soustrayent à cette loi générale ! Quel motif d’intérêt personnel t’éloignait du commerce des hommes, te privait de toutes les douceurs de la vie, te reléguait vivant dans une espèce de tombeau ! Quel autre que celui d’éclairer tes semblables et d’assurer le bonheur de tes frères ? Qui te donnait le courage de braver tout… jusques à des armées dirigées contre toi, si ce n’était le désintéressement le plus entier, le plus pur