Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/109

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tu de Laurence aujourd’hui ? revient-on jamais à la vertu, quand on s’est précipité si jeune dans le vice ? elle ne vivrait que pour perpétuer ton déshonneur, que pour multiplier tes chagrins, que pour te rendre chaque jour la fable et le mépris de nos compatriotes… Si tu règnes, Antonio !… élèveras-tu sur le trône de Florence celle qui souilla ton lit ? Pourras-tu présenter à l’hommage des peuples celle qui ne sera digne que de leur mépris ? Et cet amour que les sujets accordent si volontiers aux enfans de leur maître, oseras-tu l’exiger pour le résultat des honteux amours de ta perfide épouse ? Si les Florentins viennent à découvrir que l’enfant du Strozzi qu’ils auront couronné, n’est que le fruit illégitime de l’intempérance de sa mère, t’imagines-tu qu’ils en feront leur prince après toi ? Tu prépares dans tes états des discussions certaines, des révolutions inévitables, qui feront incessamment rentrer ta famille dans le néant, dont tu ne l’auras sorti qu’un jour. Ah ! renonce à tes pro-